lundi 30 novembre 2015

040-Frontière Bolivienne/Chili-Putre-Arica

Nous entamons notre longue descente vers le sud, faisant volontairement l'impasse du Pérou que nous avons bien visité il y a trois ans.


Vendredi 27 novembre: passage de la frontière Bolivie/Chili - Putre

On a beau se croire au milieu de nulle part, pendant le petit déjeuner, on frappe à notre porte. C'est un couple qui a une petite maisonnette dans le coin, et qui fait paître ses bêtes sur les terres où nous bivouaquons. Ils nous expliquent qu'ils sont pauvres, que ces terres leur appartiennent et nous demandent une petite participation. Nous acceptons volontiers et ils repartent heureux.

Nous déjeunons très tôt avant la frontière afin de consommer les derniers produits frais (tomates, fromage, fruits), interdits à l'importation au Chili.

Arrivés à la frontière bolivienne, pas de douaniers. Un sympathique bolivien nous indique que la douane bolivienne se trouve plusieurs km plus loin, après la frontière bolivienne... donc au Chili!

Approchant de la douane chilienne, quelle n'est pas notre ( mauvaise) surprise de constater qu'il y a une queue....de 10 km. Ce ne sont que des camions boliviens. Les chauffeurs boliviens nous font signe de doubler la file des camions. Mais c'est difficile et dangereux, car il n'y a pas de place pour se rabattre, et si un camion vient en face, il faut aviser pour le laisser passer. Nous sommes en montagne, on ne peut pas toujours se mettre sur le bas côté. Commence alors un très sympathique téléphone arabe entre camionneurs qui, se faisant signe les uns aux autres, nous permettent d'avancer quand la voie est libre, et nous coincer en travers entre deux camions si un autre vient en face. Merci les boliviens, ils sont vraiment très sympas jusqu'au bout!

Arrivés enfin à la douane chilienne, on cherche un peu, tenant absolument à être en règle surtout pour les cachets autorisant la sortie du véhicule de Bolivie. Une douanière chilienne, fort sympathique s'offre de nous aider et nous conduit de guichets en bureaux, que ce soit aux postes boliviens ou chiliens. La visite sanitaire est on ne peut plus sympa, elle se résume à la visite de Franklin qu'elles adorent, et elles passent autant de temps à admirer les photos des enfants et petits enfants qu'à vérifier succinctement si nous avons des produits frais illicites. Ceci étant, comme nous étions en règles, nous n'avions rien à craindre.

Après le passage de la douane, qu'elle ne fut pas notre surprise de constater qu'il y avait aussi 10km de queue de camions boliviens qui attendaient pour rentrer en Bolivie.

La Bolivie n'ayant plus d'accès à la mer, les camions font le transport de marchandises entre le port d'Arica et la Bolivie. Ce sont 210 km de route de montagne qui séparent la frontière de la mer. Il n'y a que des camions boliviens sur cette route et quelques rares 4x4.

Et puis c'est encore un peu la galère car cette route est en travaux et nous perdons beaucoup de temps en attendant notre tour pour passer les différentes parties en voie unique. Les chauffeurs boliviens doivent avoir les nerfs solides pour supporter à la fois les travaux et le passage en douane.

Nous nous dirigeons ensuite vers Putre, faisant un petit détour par la piste pour aller voir le bofedal (sorte de marais) de Parinacota. Des lamas et des vigognes pâturent autour de plans d'eau situés au pied de deux volcans, le Parinacota (6342m) et le Pomerape (6282m).

Nous visitons également le village de Parinacota, c'est un tout petit village traditionnel, mais plus guère habité. Il est classé monument historique et c'est surtout sa petite église entourée d'une enceinte à l'angle de laquelle se dresse un clocher indépendant, qui attire notre attention. Hélas, elle n'est plus en bon état et attend des dons pour poursuivre son entretien.

Nous arrivons en fin d'après-midi à Putre que nous parcourons rapidement, et nous nous installons sur la place principale pour un bivouac. Hélas, l'endroit s'avérant bruyant, nous le quittons pour aller bivouaquer à la sortie du village, à la limite du terrain de foot.

Samedi 28 novembre: Putre - Arica

Il n'y a pas de station d'essence à Putre. Nous sommes obligés d'aller jusqu'à Arica qui est à 150 km!, pour aller en chercher.

La route de Putre à Arica est vraiment très belle. C'est la "Ruta del Desierto". Elle traverse effectivement un désert montagneux très très sec, car sur une centaine de km, ne pousse même pas le moindre brin. Il n'a pas dû pleuvoir ici depuis des années. Mais c'est sauvage et ...très beau.

Mais il y a des travaux de réfection de la route sur une cinquantaine de km, et là c'est de nouveau un peu la galère.

Nous nous arrêtons au bord de la route pour notre repas de midi, puis poursuivons notre descente vers Arica qui se trouve au bord de l'océan Pacifique. Ce sont 3600 mètres d'altitude à descendre par cette jolie route pour accéder à une première vallée, très verte.

Puis nous remontons pour passer la montagne et accéder à une seconde vallée. Petit à petit, on découvre du haut la verte vallée d'Azapa qui se niche dans le fond, et là, c'est fabuleux. Après la sécheresse totale, on tombe sur une vallée verdoyante où pousse une végétation tropicale. Le contraste est saisissant. La vallée est fertile et cultivée.

Comme il est tôt, nous nous arrêtons pour visiter le Museo arqueologico San Miguel de Azapa.

C'est un musée qui est vraiment très intéressant et mérite qu'on s'y arrête. Il est consacré aux cultures précolombiennes qui ont habité la région et abrite une belle collection de momies chinchorros. Certaines datant de 5000 ans avant Jésus-Christ, elles sont plus anciennes que les momies égyptiennes et seraient les plus vieilles momies au monde.

Des panneaux et des morceaux de momies nous expliquent la technique de momification. En fait le corps était dépecé puis désossé. On retirait les organes et les muscles. Le corps était ensuite recomposé avec des branches, des fibres végétales, et recouvert d'argile, pour être finalement remmailloté dans sa peau et recousu. Le crâne était à nouveau recouvert de cheveux, et le résultat est assez impressionnant.

Ce musée présente des objets ayant appartenu aux premiers habitants de la région ( 8000 à 6000 avant J-C): tissus anciens, coiffes, objets domestiques, poteries. Puis ce sont des objets de la culture tiwanaku (500 à 1000 ans après J-C), avec de beaux tissages, des couvre-chef en laine à quatre pointes, et des objets qui témoignent du travail dans les villages. Enfin, c'est la civilisation inca ( 1470-1532) qui est représentée avec des bijoux, des ponchos, des sacs, des outils agricoles, des instruments de musique, etc... On nous montre les méthodes d'agriculture, l'art du textile, la vie quotidienne et sociale, pour finir par un impressionnant pressoir à olives espagnol du XVIII ième siècle. C'est vraiment un musée très riche, et tout est bien expliqué et mis en valeur.

Enfin, nous arrivons à Arica que nous longeons d'un bout à l'autre le long de la mer. Il fait bon, nous allons dîner au restaurant Di Mango, en bord de mer pour finir agréablement la soirée. Puis, ne trouvant de camping pouvant nous accueillir, nous faisons comme les autochtones, et nous nous installons sur la plage pour faire un bivouac. Nous sommes samedi soir, des tentes sont montées, on entend la musique, mais elle est couverte par le bruit des vagues, énormes ici.

Dimanche 29 novembre: Arica.

Le temps est tout brumeux ce matin, ce sont des entrées maritimes, et cela ne nous donne guère envie de sortir. René se repose, Sylvie rédige le blog.

A midi, le temps se lève, un chaud soleil revient. On lève le camp pour aller se garer toujours en bord de mer, mais face au centre ville. Nous arpentons les rues pour trouver un restaurant cuisinant du poisson, et avons même le plaisir de manger en terrasse.

L'après-midi nous parcourons les rues du centre. Elles sont très animées, et pourtant on est dimanche. Mais pas mal de boutiques sont ouvertes, et les gens se promènent ou font des achats.

Contrairement à la Bolivie où les femmes portent encore beaucoup le costume traditionnel, ici tout le monde est vêtu à l'européenne, tout est propre, il n'y a plus de déchets qui traînent, et les magasins sont comme chez nous et ont de jolies vitrines. Nous trouvons un supermarché ouvert, et nous en profitons pour faire les courses pour plusieurs jours, bien contents de trouver à nouveau toutes sortes de produits que nous ne trouvions pas en Bolivie. Nous faisons également le plein de gaz GPL à une station Lipigaz.

En fin d'après-midi, nous allons nous installer sur la jetée pour le coucher du soleil, qui se voilera au moment de se coucher. Et nous restons là pour notre bivouac.

Nous n'avions pas le coup de cœur pour la ville en arrivant, ne la trouvant pas particulièrement jolie, mais tout compte fait, elle n'est pas du tout désagréable, car animée, propre, et avec des quartiers de verdure. Nous avons pris du plaisir à y flâner, et finalement la journée n'a pas été perdue car nous avons le plein de gasoil, de gaz, et du frigo. Nous pouvons quitter Arica demain pour retourner dans la montagne...

 

 

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