Mercredi 4 novembre : visite de Potosi - Laguna de Tarapaya.
Levés tôt, nous faisons le programme de la journée en fonction de ce que nous souhaitons voir et de l'heure des visites afin d'optimiser au maximum la journée.
Nous voilà donc très tôt partis à pied vers le centre ville. Il se trouve au bout d'une belle grimpette et de hauts escaliers. Cela nous fait une mise en jambes de 1,5 km, à plus de 4000m d'altitude, un bon sport pour commencer la journée!
Si les quartiers extérieurs de la ville sont plutôt modestes, le centre, classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO, révèle de beaux bâtiments historiques et de jolies vues sur le cerro Rico, une montagne qui fut grâce à ses mines à l'origine de la richesse de la ville. Malheureusement elle a été pillée de ses ressources par la colonisation, permettant ainsi l'enrichissement de l'Espagne coloniale.
Toujours est-il qu'au milieu du XVII ieme siècle, avec ses 165 000 habitants, Potosi était aussi importante que Paris et Londres, et se couvrit alors de superbes édifices coloniaux et d'églises.
Aujourd'hui, les filons d'argent s'étant épuisés, l'exploitation des gisements d'étain ne se révélant plus assez rentable, l'économie de la ville est retombée. Cependant les mines ne sont pas fermées, on y trime toujours, et l'on y meurt encore....
Nous commençons notre parcours en passant devant San Lorenzo, face au Mercado central, puis visitons l'Iglesia de Jérusalem.
À 9h, nous sommes à la Casa nacional de Moneda, car la visite guidée est obligatoire, et celle en français a lieu à 9h. Il faut être plus de deux pour avoir droit à un guide francophone, nous avons beaucoup de chance car un couple de français nous rejoint. Nous avons donc droit à une visite presque privée du bâtiment, étant les premiers à y pénétrer.
La Casa nacional de la Moneda a été édifiée au XVIII ieme siècle et est le plus grand et le plus important bâtiment civil colonial des Amériques.
L'hôtel de la monnaie a arrêté de frapper les pièces en 1951.
La visite est très intéressante, car tout est encore en place aujourd'hui, notamment les engrenages en bois de cèdre, et la machinerie qui permettait le laminage des plaques.
La maison est aussi un musée, présentant des pièces de monnaies, des médailles, des peintures, des pièces d'orfèvrerie en argent....
Sortis de ce musée, nous enchaînons avec la visite de la cathédrale. Elle fut construite au XIX ieme siècle sur les ruines d'une première église. Elle est d'architecture néo-classique, avec un hôtel neo-gothique. Les confessionnaux escamotables sont amusants, se repliant sous la forme d'un placard. Nous montons à l'orgue et terminons la visite guidée tout en haut, montant à côté des grosses cloches d'un clocher afin d'avoir une belle vue toute panoramique sur la ville et le cerro Rico.
Il est midi, nous allons prendre notre repas au restaurant El Fogon, plutôt chic, où l'on mange dans un cadre aux tons jaunes, ocre, et bleus. René se régalera une fois de plus de viande de lama, alors que Sylvie choisira une truite de Copacabana, cuisinée au roquefort.
A la sortie, il est trop tôt pour poursuivre nos visites. Nous allons donc flâner et nous reposer sur la place centrale, la Plaza 10 de Noviembre. Elle est agréable, arborée, et bordée de beaux édifices religieux et coloniaux.
Enfin, à 14h30, nous sommes à l'entrée du Convento-museo Santa Teresa, pour une visite guidée. Nous y retrouvons le couple de français avec qui nous avons visité la Casa de Moneda, ce qui nous permet d'avoir une guide francophone, et de faire une fois de plus une visite presque privée.
C'est un couvent de l'ordre des Carmélites, construit au XVII ieme siècle. À cette époque, les filles de la noblesse et des plus riches familles espagnoles ( la deuxième dans l'ordre des naissances) y entraient à l'âge de 15 ans, et n'en sortaient plus de leur vivant! Elles étaient 21 à l'occuper, et il fallait attendre que l'une décède pour permettre à une nouvelle d'y entrer.
L'endroit est plutôt somptueux. Il est décoré de tableaux de grands peintres de l'époque baroque qui étaient fournis par celles qui n'avaient pas assez de pièces d'or pour payer la totalité de leur dot à leur entrée au Carmel.
Les sœurs travaillaient pour subvenir à leurs besoins, confectionnant des hosties, des pâtisseries..., et étaient aidées par deux domestiques qu'on emprisonnait à vie avec chaque nouvelle entrante.
Elles dormaient dans de petites cellules très modestes, sur des sommiers en bois, vivaient dans le silence, ne voyaient personne. Elles assistaient à la messe dans une salle attenante à l'église, derrière un lourd rideau les séparant du regard des autres fidèles, et recevaient la communion par une petite fenêtre qui ne laissait voir que leur bouche. Pendant leurs moments de détente, c'est à dire pendant une heure après chaque repas, elles pouvaient converser entre elles, à condition de s'occuper. C'est donc à genoux qu'elles faisaient des travaux d'aiguille, laissant de somptueux ouvrages brodés de fils de soie, de fils d'or ou d'argent, destinés à vêtir le prêtre, ou la statue de la sainte Vierge.
Elles avaient droit à la visite de la famille une fois par mois, mais derrière un rideau tendu devant une espèce de persienne en bois, ce qui fait qu'elles ne pouvaient ni toucher, ni voir leur interlocuteur. Et cette visite familiale se déroulait sous l'oreille attentive d'une autre sœur.... Les cadeaux alimentaires reçus étaient aussitôt partagés.
Leur rayon de soleil était deux patios fleuris, dans le premier des deux se trouve le plus vieux pommier de Bolivie! Il a environ 350 ans, et porte encore des fruits!
Heureusement, cette règle très rigoureuse fut allégée en 1972. Aujourd'hui ce Carmel accueille encore une dizaine de sœurs, mais elles sont libres, volontaires, et leurs conditions de vie sont moins draconiennes. Nous ne les avons cependant pas aperçues, car elles vivent dans une aile qui ne se visite pas.
La visite est très très intéressante, quoique fatigante, car nous avons dejà pas mal marché et visité le matin. Pour reprendre des forces, nous achetons des gâteries faites par les sœurs et vendues à la boutique de souvenirs.
Et c'est, bien fatigués, que nous rejoignons Franklin à pied, passant par des rues pittoresques, comme la rue Quijarro, restaurée à l'identique de ce qu'elle était autrefois. Nous redescendons toutes les marches montées le matin, et arrivés chez nous, nous souhaitions quitter la ville et passer la soirée dans un endroit vert, de détente.
C'est ainsi que nous partons en fin d'après-midi par une très jolie route, puis une piste, à la Laguna de Taparaya, à environ 25km de la ville, pour y passer la nuit. Il fait nuit à notre arrivée, mais le gardien des lieux nous ouvre la" barrière". Nous découvrirons l'endroit demain matin.
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