Jeudi 10 mars: Lago Ghio ( Argentine) - Cochrane ( Chili).
Le lac est d'un bleu magique au petit matin et c'est sous un beau ciel que nous nous apprêtons à poursuivre notre traversée des Andes et entrer au Chili par un petit poste de douane, isolé au milieu de nulle part, au Paso Roballos.
La piste est agréable et traverse un paysage de steppe, de plus en plus vert et de plus en plus accidenté. Les premiers pâturages apparaissent, les oiseaux sont de plus en plus nombreux dans ce paysage où les zones de verdure tranchent énormément par rapport à ces zones montagneuses rocheuses et escarpées aux tons roses et gris.
Nous sommes accueillis avec sympathie dans ce petit poste de frontière argentin, dans un chaleureux petit bureau où tout est en bois, du sol au plafond, et où tout se fait encore à la main.
Le poste de douane chilienne est quelques km plus loin. Là aussi, l'ambiance est conviviale. On s'assoit autour d'une table ronde pour remplir les formulaires, il y a un canapé, la TV, un poêle pour les jours d'hiver. La visite du véhicule est on ne peut plus rapide. Le douanier monte dans la cellule, demande si on a quelque chose à déclarer, et dit tout simplement que c'est très joli chez nous, et que nous pouvons partir, que tout est ok.
La piste côté chilien est plus mauvaise, mais les paysages compensent.
On arrive dans ce Valle de Chacabuco à une belle estancia qui sera le cœur du Parque Patagonia, un parc national en devenir qui pourrait un jour rivaliser avec d'autres parcs argentins bien connus et fréquentés du public. Il est destiné à protéger la faune locale, flamants roses dans les lagunes, renards, huemules (cerfs andins menacés d'extinction), et les guanacos, plus nombreux ici qu'ailleurs.
Ces 72 km de piste longent également le Rio Chacabuco . Ses eaux tumultueuses, d'un bleu vert laiteux assez incroyable et pourtant bien réel, se calment sensiblement en approchant de Cochrane.
Nous parvenons au carrefour avec la mythique Carretera Austral que nous avons l'intention de parcourir de bout en bout, en plusieurs étapes.
Cette route, est plutôt une piste, car elle est rarement goudronnée. Elle est la prolongation de la Panaméricaine et traverse une partie du Chili dans le sens nord/sud, sur 1247 km, de Puerto Montt à Villa O'Higgins à la frontière Argentine, et aux portes de l'immense calotte glaciaire du Campo de Hielo Sur. Elle passe par des forêts primaires, longe des glaciers, des fermes de pionniers et des rivières aux eaux turquoise.
Nous arrivons en fin d'après-midi à Cochrane. Ce sera pour nous l'étape du soir, qui va nous permettre de remettre des produits frais dans le frigo grâce au "supermercado" de cette petite ville de 2200 habitants. Un monsieur bien intentionné et bien sympathique, qui arrose les fleurs de son jardin, nous fournit de l'eau pour remplir notre réservoir.
La ville a des allures de gros bourg de montagne avec ses maisons en bois, et nous nous installons le long de la place centrale, ou Plazza de Armas, pour le bivouac du soir. Nous y sommes "au vert", apprécions l'architecture de l'église toute proche, et faisons le tour de la place qui rend hommage au huemule, le cerf andin, protégé car il a été en voie d'extinction. Stationnés à cet endroit, nous profitons en même temps du wifi de la ville.
Vendredi 11 mars : Cochrane - Caleta Tortel.
Il fait bien beau ce matin et avant de quitter Cochrane, nous parcourons la ville pour la visiter. Nous aimons ses nombreuses maisons en bois, parfois très colorées, avec leur jardinet fleuri. Et comme partout, c'est vert, aéré, fleuri, avec de larges rues centrales et des espaces de détente.
Avant de quitter, nous faisons le plein de gasoil, car il n'y aura désormais plus de station de gasoil jusqu'à Villa O'Higgings, le bout de cette mythique Carretera Austral (Ruta 7), qui traverse une partie du Chili dans le sens nord/sud, sur une distance de 1247 km, passant par des contrées sauvages à travers des paysages réputés de toute beauté.
En fait de route, c'est une piste, bonne par endroits, plus pénible par moments, mais surtout étroite, et courbe sur les deux côtés, ce qui oblige à bien ralentir et parfois même à s'arrêter quand une voiture vient d'en face, car on se met en dévers. La piste passe par de jolis paysages de montagnes dont les sommets enneigés se détachent sur le ciel bleu.
Nous retrouvons les eaux tumultueuses de rivières, traversons de belles forêts, et longeons quelques fermes isolées où l'on élève des chevaux.
La vallée s'élargit un peu, la rivière est paisible, nous arrivons à Caleta Tortel.
La piste s'arrête à l'entrée du village et ne va pas plus loin. Nous nous garons sur la place et découvrons une jolie baie entourée de montagnes aux flancs desquelles s'accrochent les maisons.
Il n'est pas trop tard, il fait encore bon, nous ne résistons pas à l'envie de parcourir une partie de ce village de 550 âmes. Nous descendons les escaliers et nous découvrons un lieu assez incroyable, où pas un mètre carré n'est plat. Les maisons sont en bois et toutes sont construites sur pilotis, le terrain à très forte pente, parfois même vertical, ne permettant pas de faire des fondations.
Il n'y a pas une rue. On parcourt tout le village sur des passerelles, desservies par des escaliers, à travers des parties boisées, mais essentiellement sur l'eau. La végétation est exubérante, et nous sommes agréablement surpris par ces énormes fuchsias de plusieurs mètres de haut qui poussent là à l'état sauvage.
Ce qui surprend également, c'est le calme, on n'entend que le clapotis de l'eau ou le vrombissement du moteur d'un bateau.
La commune comme partout, a aménagé des espaces de rencontres et de détente pour ses habitants, créant ainsi une certaine convivialité.
L'endroit a incontestablement beaucoup de charme. Mais l'heure est bien avancée, le soleil se couche, la fraîcheur tombe. Nous rentrons passer la soirée chez nous, sur cette place qui sera notre lieu de bivouac, et d'où nous avons une jolie vue sur la baie.
Video : visite Caleta Tortel
Samedi 12 mars : Caleta Tortel - Puerto Yungay - Rio Bravo - Villa O'Hoiggins
La nuit a été froide (3 degrés), mais il fait un temps splendide ce matin. Nous attendons que ça se réchauffe, et ne résistons pas à l'envie de parcourir une nouvelle fois les passerelles.
Cette mise en jambe nous fait parcourir 5 à 6 km, traversant le village de bout en bout, jusqu'à la plage qui se trouve à l'autre extrémité.
C'est très agréable de revoir le paysage sous la lumière du matin, et il fait maintenant très bon. D'ailleurs nous flânons un moment à proximité de la plage.
Le cadre de vie de ces habitants est idyllique, et pourtant nous comprenons que leur vie n'est pas facile. Le village est isolé, mais surtout, il faut tout apporter à chaque maison, tout évacuer, à dos d'homme, que ce soit la marchandise ou même le bois de chauffage, et il faut toujours monter des marches. L'hiver doit sembler bien long...
Il est midi passé quand nous sommes de retour. Nous quittons les lieux pour prendre notre repas au vert, repartant par l'unique piste que nous avions prise pour arriver. Une clairière dans le bois à proximité de la piste sera le lieu idéal pour s'arrêter. Il y a une grande amplitude thermale entre la nuit et le jour, à midi il fait chaud, nous sortons la table et prenons notre repas dehors.
L'après-midi, nous poursuivons la piste vers le sud. Elle s'arrête à Puerto Yungay, un lieu dit d'où part le ferry pour traverser le lac, car la piste ne le longe pas, et de ce fait, la traversée est gratuite. Il n'y a que trois départs par jour, nous attendons donc tranquillement le dernier, celui de 18 heures, dans un cadre plutôt agréable.
Il fait bon, René discute sur le pont du bateau pendant la traversée avec un jeune japonais qui fait un tour du monde, seul, avec...son vélo! Impressionnant !
Nous arrivons à 18h45 à Rio Bravo. Il n'y a là rien d'autre que l'embarcadère. Nous prenons donc la piste, à la recherche d'un endroit pour un bivouac, sans rien trouver. La piste est très bonne, mais étroite, et traverse des forêts impénétrables, longe de hautes parois vertigineuses, parfois verticales. Nous sommes donc obligés de continuer avec l'impression d'arriver au bout du monde.
L'heure avance, le jour décline, et il fait nuit quand nous arrivons à Villa O'Higgins. Il est 21h, nous parcourons la ville rapidement et allons nous réfugier dans une rue tranquille pour le bivouac.
Video : visite Caleta Tortel
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